Un arbre

paris-2010

Passant,
regarde ce grand arbre
et à travers lui
il peut suffire.

Car même déchiré, souillé,
l’arbre des rues,
c’est toute la nature,
tout le ciel,
l’oiseau s’y pose,
le vent y bouge, le soleil
y dit le même espoir malgré
la mort.

Philosophe,
as-tu chance d’avoir l’arbre
dans ta rue,
tes pensées seront moins ardues,
tes yeux plus libres,
tes mains plus désireuses
de moins de nuit.

Peinture murale de Pierre Alechinsky
Poème d’Yves Bonnefoy
Rue Mouffetard, Paris

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Petals on a wet, black bough

Le film « To Rome with Love » (ajouté, récemment, tout en bas de ma liste « Déjà vus« ) renvoi à l’art et se traduit en un poème imagiste dans certains passages très esthétiques. Une pure comédie plongé dans l’atmosphère culturelle de Rome. Mais, je suis là parce que dans un certain moment, un personnage que se fait passer pour quelqu’un de très culte, cite Ezra Pound:

Petals on a wet, black bough

Un cours de métaphore ! Stricto sensu ! J’ai passé le dernier semestre à entendre ce vers dans le cours de Littérature, où nous avons plongé sur la poésie, le poème et la résistance, la métaphore, le symbole et l’allégorie.  Alors, racontez-moi, vous voyez la métaphore présente dans ce vers ? Vous la décryptez ? Qui peuvent être les pétales sur un rameau humide et noirci ? Ce n’est pas évident et, pourtant, c’est une image très belle en elle-même, sans explication, sans compréhension. Je ne l’ai appréhendé qu’en lisant le haïku tout entier, titre compris, et je ne peux pas me décider laquelle j’aime le mieux, l’image ou son déchiffrement :

In a Station of the Metro

The apparition of these faces in the crowd;
Petals on a wet, black bough.

— Ezra Pound

 
*Article sur ce poème sur wikipedia ici.

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On the road

« …walk up the long main street in the gathering dusk and feel the presence of the mountains even though we talk about other things. I feel happy to be here, and still a little sad to be here too. Sometimes it’s a little better to travel than to arrive ».

« So we move down the empty road. I don’t want to own these prairies, or photograph them, or change them, or even stop or even keep going. We are just moving down the empty road »

Zen and the Art of Motorcycle Maintenance by Robert M. Pirsig

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« Road trip » en Californie et Nevada, 2004, en montant de San Diego à Las Vegas par l’Interstate 15 (en compagnie de plusieurs Joshua Trees dans le chemin), de Las Vegas à San Francisco par l’intérieur (Interstate 5) et en descendant de San Francisco à Los Angeles par la côte, sur la splendide Highway One, avec des arrêts dans des villes comme Carmel, Malibu, Carlsbad et Big Sur (et sa belle Bixby Bridge).

Le récit de ce voyage aux États-Unis (en moto et dans la philosophie) m’est tombé entre les mains en même temps que ces images argentiques, prises il y a longtemps, enfin digitalisées.

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Drive

Le week-end dernier on a fait une session cinéma très équitable : il a choisi son film et moi le mien. J’ai proposé «The Artist» et lui «Drive», dont notre voisin avait parlé avec enthousiasme. Je voulais juste savoir s’il s’agissait d’un film violent et, devant la réponse affirmative, il a été exclu de toute possibilité de participation à ma chère liste de «films déjà vus». Une brève consultation sur l’oracle «Allociné», tout de même, et là, surprise ! Je tombe sur des cinq étoiles unanimes et des critiques de la presse enflammées qui annonçaient «une sensation unique» et «des dimensions émotionnelles». Devant cette image et ces descriptions, je n’ai pas voulu continuer à lire, c’est décidé : d’abord  «Drive» et, ensuite, «The Artist». En rentrant chez moi, il n’y avait qu’une image dans ma tête, celle de Ryan Gosling. Jean Dujardin était loin, presque disparu. Le dernier film a perdu toute sa magie, s’il en avait, en face du premier.

«Drive» est un film à sensations. Le scénario n’a rien qui puisse intéresser ou être considéré comme exceptionnel : un chauffeur cascadeur et garagiste qui conduit pour des voleurs la nuit venant. La trame est simple, d’autres films d’action n’ont rien à envier au long-métrage du danois Nicolas Winding Refn. Pourtant, ils ont tout à envier à ce polar raconté de façon presque contradictoire, où la violence et l’action prennent la forme des scènes au ralenti, où le silence envahit tous les espaces et le rythme de la musique est parfaitement cadencé avec l’atmosphère urbaine et le mouvement en continu de la voiture.

Le regard figé du laconique «driver» trace sans effort une ambiance de tension et, en parallèle, a toute la force d’un héros séduisant. Le metteur en scène va au-delà de l’économie de mouvements et de la musique pour apporter toutes ces mélanges de sensations. Il y en a du symbolisme et du mystère, surtout dans le personnage principal. Les mains sales de sang sont propres, protégées par des gants ; la violence et la fureur ne dominent pas l’âme gentille qui apporte un sourire immobile ;  la veste avec un scorpion dans le dos a dans l’autre face des bras agiles et doux. On devient complice de ce héros et on échappe à toute moralité pour lui apporter notre soutien même quand il s’agit d’un crime.

Il n’y a pas de beauté dans le décor. Los Angeles est vue du ciel et de près comme une ville sans intérêt, le néon reflète la nuit, la poussière et les fumés des voitures prennent place dans la journée. Une ville menaçante, peuplée de ces gens qui ne font que continuer dans la vie, des gangsters, des bars sales et des crimes à venir. La balade en voiture des amoureux n’est pas entourée de beaux paysages autour, c’est dans une piste abandonnée qui finit dans un ruisseau de cette sale métropole.

Dans une des scènes, on doit se contenter d’assister à la mort par l’ombre qu’elle produit. Dans une autre, la plus brutale et la plus violente, on en est face à face, sans épargne. Une sorte de façon à la Tarantino, même si en esthétique on en est vraiment loin de quelque référence entre les deux metteurs en scène.

Il n’y a pas un grand scénario, il n’y a pas de beauté dans le décor, la romance du héros criminel et de la belle vulnérable est un cliché exploré à profusion dans le cinéma, mais on en est fasciné malgré tout ! Le magnétisme se trouve dans la façon dont la narration est faite, dans les sensations apportées et dans le retour à une ambiance des années 1980 fortement influencé par les battements de l’électro musique. Esthétique, énigmatique, photogénique, modeste, saisissant, fort en sensations, «Drive» n’a rien pour être considéré comme un chef-d’œuvre et, pourtant, c’est justement cela que nous attache.

Arrivés à la maison, on cherche plus à en savoir sur ce battement qui ne sort pas de l’oreille et sur ces images fixées sur nos yeux. «Je le savais ! Le metteur en scène est le même que celui de Pusher, la trilogie dont je t’avais parlé». Le DVD est depuis longtemps sur les étagères et je ne lui ai porté aucun intérêt. Il est temps de changer d’avis. Aurai-je la même surprise que j’ai eue avec «Drive» ?

Bande-sonore très prenante :

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Le seul véritable voyage

Je ne voulais pas oublier ces mots, alors, je les éternise dans mon petit coin sur le web

Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est. (Marcel Proust)

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Portugal

Maman fait un voyage de découverte des vignobles portugais (île de Madère inclus) et j’en profite pour faire un petit compliment photographique à ce pays qui est à l’origine de la langue parlée au Brésil et qui nous a transformé, pour le meilleur ou pour le pire, en ce qui nous sommes aujourd’hui.

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Carimbó

Musique d’origine indigène typique du Pará, le carimbó est accompagné d’une danse très frénétique entre hommes et femmes. Ici, photos prises à Soure, dans l’île de Marajó.

*Tous droits reservés, reproduction interdite sans l’accord de l’auteur.

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Mont Ventoux

Le mont des vents, le mont du Mistral, le mont des cyclistes, le mont blanc de calcaire, le mont vu depuis Avignon, le mont de Vaucluse, le mont Géant de Provence, le Mont Ventoux.

*Tous droits reservés, reproduction interdite sans l’accord de l’auteur.

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Cirque

Cette semaine, au spectacle Verekai, des canadiens du Cirque du Soleil, j’ai été transporté à un monde de fantaisie, imagination et beauté. Au lieu de tricher l’organisation et essayer d’en prendre des photos, j’ai choisi tout sentir, tout profiter, sans le souci de l’enregistrement. J’avoue que ce n’est pas facile de se tenir devant autant de beauté, mais j’ai réussi. En 2003, aux États-Unis, j’ai l’occasion d’assister à un autre spectacle, La Nouba, également beau et magique, duquel j’ai fait trois petites photos, tremblés, mal prises, mais qui ont le pouvoir de créer une très vive émotion sur mes souvenirs.

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Les uruguayens

L’Uruguay est vraiment un pays enchanté pour moi. J’y suis allée que deux fois, mais chacune m’a transmit l’impression d’un pays naïve, généreux, simple, mais digne, petit, mais noble. Il y a trois ans, j’ai publié une sélection de photos de voitures uruguayennes. Cette fois-ci, je fais un petit hommage aux uruguayens, ce peuple d’un air mystérieux et sincère.

*Tous droits reservés, reproduction interdite sans l’accord de l’auteur.

Vous pouvez accéder à d’autres posts-photos en cliquant ici.

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Images de la vie

Depuis l’âge de 11 ans, j’ai découvert mon énorme passion pour la photographie. J’aime la sensation de photographier, j’aime regarder attentivement les photos, j’aime imaginer et travailler avec elles. Comme j’ai peu de temps à consacrer à l’écriture (but majeur de ce blog), j’ai décidé d’en partager un peu de ma production photographique, des images qui font partie de ma vie, des endroits et des personnes avec qui j’ai croisés, des portraits qui réfléchissent ma façon d’apercevoir ce monde, un certain regard.

Voilà les premières photos : les tramways du vieux centre de Santos, au Brésil. Il y en a un qui a été offert par la ville de Porto, au Portugal, et qui affiche toujours son nom d’origine.

Les tramways de Santos

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Parlons aux inconnus

Ce post a été écrit en avril 2010. Presque un an après, je lui mets en ligne.

En découvrant c’est délicat et audacieux blog, L’inconnu du métro, j’ai été saisi d’un mixte de empathie et identification lorsque des moments vécus en époques différentes me sont revenus à l’esprit. Un, c’était il y a quelques semaines, j’étais au supermarché et me demandais quelles types d’oranges étaient les meilleures pour en faire du jus de fruit. L’homme à mon côté choisissait lui aussi ses oranges et moi, enviant sa sagesse, me suis mise à essayer de m’apercevoir des caractéristiques des fruits qu’il mettait dans son sac. « C’est pour faire du jus de fruit? », a-t-il posé la question. Je lui ai répondu affirmativement en secouant la tête. « Alors, reprit-il, il faut choisir celles dont l’écorce reste très lisse. Le plus rugueux, le moins de jus elles y portent ». Contente de cet approche et de ce que je venais d’apprendre, on s’est mis à bavarder pour un petit moment.

 

Masp. Photo: Helena

Ce type de contact, très courant pour moi et pour pas mal de gens, j’imagine, me rappelle le surnom qui m’a été désigné par une copine: Helena-des-amitiés-faciles. Elle m’appelait par ce « prénom » depuis nos vacances ensemble à Florianópolis, où on se baladait tout le temps en faisant du stop ou en bus,  en connaissant des gens de tout sort, soit à l’arrêt du bus, soit dans les plages, un peu n’importe où. J’allais vers les gens, avec cette envie de découvrir l’autre, d’entendre des histoires, de partager un petit moment ensemble.

Je me suis beaucoup surprise le moment où j’ai vécu un instant comme celui-ci en France. Surprise parce que ce type de conversation, dans les queues, dans les arrêts de bus, se font plus rares en France qu’au Brésil, par exemple. Je voyagais en TGV de Dijon à Marseille, en passant par Lyon. Un incident s’est produit sur les rails, tous les trains étaient en retard. En arrivant à Lyon, où je devrais changer de train, le mien était déjà parti et j’ai dû monter sur un autre. En n’ayant plus de places disponibles, moi et presque une dizaine de voyageurs nous sommes mis dans l’espace entre deux voitures. Le silence régnait lors que quelqu’un a decidé de le briser en faisant un commentaire drôle sur la situation sur laquelle on se trouvait. S’y est suivi un imense éclat de rire et tout le monde a entamé des conversations comme des vieux amis, racontant ce qu’il était en train de faire avant d’être boulerversé par le retard, ce qu’ils faisait dans la vie, ce que les amusaient. Le restant du voyage a passé très vite et on n’a même pas eu mal aux jambes d’être débout pendand longtemps. Je constatais: les Français savaient eux aussi se laisser aller par des bons moments avec des complets étrangers.

Communiquer avec des étrangers, des inconnus, c’est une chose à laquelle nous, brésiliens, sommes habitués depuis l’enfance, nous apprennons à vivre tournés vers l’autre. Ceci a de bonnes et des mauvaises conséquences. Par exemple, le fait de participer plus à la vie des autres peut être parfois enrichissant, les gens échangent plus uns avec les autres et sont plus disponibles à aider, à être au secours. De l’autre côté, c’est plus facile d’avoir des gens qui envahissent la vie des autres et de perdre l’intimité.

 

Peinture murale à SP. Photo: Helena

Pourtant, je m’appercois que de moins en moins, les gens ont cette capacité. Moi aussi, je me renferme et je ne vivre plus ces moments que j’aimais autant.  La semaine dernière, un homme barbu, vetu de chemise blanc et pantalon noir c’est approché de moi au quai du train. Avec un fort accent, il m’a demandé si j’étais étudiante à l’USP (Université de São Paulo) — nous étions dans l’arrêt proche de l’université. Ensuite, il a posé d’autres questions et m’a dit qu’il était professeur d’arabe, qu’il donnait des cours au centre-ville, que c’est une langue jolie d’apprendre pour ceux qui aiment la culture, etc, etc. Je lui ai posé une seule question: d’où il venait.  À ce qu’il a répondu: Libye.  À ce point-là, j’étais plus interessée sur mon audio-livre et n’ai pas donné suite à la conversation. Le soir, chez moi, je me rends compte que j’ai coupé le contact avec quelqu’un qui pouvait être intéressant — ou non, on ne sait jamais, mais ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre un libyen dans la rue! C’est vrai que plusieurs fois je me sens responsable pour la personne, il faut pas que je la blesse, il faut que je lui donne un peu d’attention. De l’autre côté, il faut que cette approche soit naturelle, pas une obligation. En y réflechissant un peu plus, je comprendre que ce n’est pas que je me renferme, ou que l’âge nous laisse plus éloignés des autres, c’est le quotidien, c’est sont les habitudes de tous les jours qui nous rendent ainsi. C’est notre faute, oui, parce qu’on laisse la routine nous écraser.

Quand je voyage je ne suis pas la même personne, je ne suis pas dans une routine, je suis ouverte à toute conversation, à tout contact. Quand je voyage, je sens que je suis vraiment moi, je vois une beauté dans les petites choses auxquelles je m’éloigne quand je suis chez moi. La même chose doit arriver à pas mal de gens, j’imagine. Le défi est de parler aux inconnus chez nous, quand on a envie, sans se laisser fermer par le poids de la routine. On a tant de choses à découvrir…

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Découverte du jour

Il vaut mieux faire quelque chose (même que le résultat ne soit pas le meilleur) que rester dans le carrefour en regardant le chemin en face et ne pas oser donner le premier pas.

Signé par: une perfectionniste/procastinatrice pro qui ne publie pas les six articles en brouillon, mais a décidé de publier cette évidente découverte du jour.

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Désert

Peut-être dû au fait d’avoir commencé à écrire pendant qu’il était encore enfant, Le Clézio a gardé dans son texte une perspective infantile, chargée d’humanité, simple, pure – une caractéristique qu’il a su transporter à la trajectoire des deux personnages principaux de Désert. Avec près de 100 ans de distance parmi eux, Lalla et Nour partagent leur existence dans le désert, l’expérience de la migration et la rencontre avec une réalité différente de celle qui leur avait été promise. Tandis qu’il tisse ces deux histoires, Le Clézio fait le récit historique de l’invasion chrétienne-européenne du Sahara Occidental et du Maroc, de l’extermination du peuple du désert et de la soumission à laquelle ils ont été contraints, au nom de la raison économique. En parallèle, un autre contexte historique est établi, celui de l’Europe du sud à la fin du 20ème siècle par rapport aux immigrants. La pauvreté, l’abandon, la saleté, la violence, la criminalité, l’indifférence sont découverts pour ceux qui arrivent à Marseille à la recherche de quelque chose qui leur a été enlevée: un endroit pour vivre.

Couverture "Désert"

C’est ainsi que l’histoire du jeune Nour, 100 ans auparavant, montrera pourquoi la jeune fille Lalla vit dans un bidonville, entre le désert et la mer en Afrique du Nord, où les maisons sont de bois et de papier goudronné. Alors que Nour erre dans le désert avec son peuple et les guerriers bleus, chassés par les Espagnols et les Français, il observe les rites religieux et les croyances des gens en quête de survie. Lalla s’est également livrée aux traditions musulmanes dans son village, même si son lien est plus fort avec les forces du désert, du sable, des pierres, de la lumière et de la chaleur qui brûlent sa peau, qui remplissent son corps.

Autant dans le récit de la vie de Nour et de son peuple nomade que dans celui de Lalla, le texte est parsemé d’une poésie descriptive intense et multisensorielle, qui passe du toucher aux odeurs, du cri au silence, de la douleur à la paix, de la vérité jusqu’au nihilisme. Les impressions de l’environnement, les sensations éprouvées par les personnages imprègnent la lecture, renforcées par la répétition constante utilisée à dessein par l’auteur. À travers le point de vue des deux enfants, cependant, pas de jugements. C’est presque une vision d’enfant, candide, de sorte que l’histoire est racontée sans positions politiques, religieuses, mais qui ne manque pas de dénoncer la triste réalité d’un peuple.

Western Sahara

Une des facettes intéressantes de ce livre, qui a donné à l’auteur le prix Nobel de littérature en 2008, est d’apporter un morceau de l’histoire du Sahara Occidental, si peu présente et si peu connue. Le Sahara Occidental est l’un des quelques territoires non autonomes dans le monde. Ce pays, qui ne peut même pas être appelé pays, vit entre l’hégémonie du Maroc et de l’Algérie après avoir été abandonné par les Espagnols dans la misère et être passé entre les mains de plusieurs nations. La misère d’aujourd’hui est la misère laissée par ceux qui ont profité de la richesse, ont causé la mort et la douleur, ont pris ce qu’ils pouvaient pour leur pays et ont finalement quitté le désert, laissant derrière une totale désolation. Le moment présent n’est rien de plus que la continuation de nombreux moments historiques, y compris celui dans lequel les autochtones ont été rendus et massacrés par les chrétiens.

À travers les yeux de Nour, nous voyons l’histoire d’un peuple en caravane, misérable, qui essaye jusqu’au dernier moment de garder sa vie, mais à la fin ne peut rien contre la force des armes de l’Europe:

Debout au bord de la piste, il les voyait marcher lentement, levant à peine leurs jambes alourdies par la fatigue. Ils avaient des visages gris, émaciés, aux yeux qui brillaient de fièvre. Leus lèvres saignaient, leurs mains et leur poitrine étaient marquées de plaies où le sang caillé s’était mêlé à l’or de la poussière. Le soleil frappait sur eux, comme sur les pierres rouges du chemin, et c’étaient des vrais coups qu’ils recevaient. Les femmes n’avaient pas de chaussures, et leurs pieds nus étaient brûlés par le sable et rongés par le sel. Mais ce qui était le plus douloureux en eux, ce qui faisait naître l’inquiétude et la pitié, c’était leur silence. Aucun d’eux ne parlait, ne chantait. Personne ne pleurait ni ne gémissait. Tous, hommes, femmes, enfants aux pieds ensanglantés, ils avançaient sans faire de bruit, comme des vaincus, sans prononcer une parole.

Le désert

Ainsi est le désert qui tue, qui brutalise, qui intimide, qui assèche le corps, et qui à la fois fascine Lalla. Héritière des hommes et des femmes du désert, elle trouve dans le caillou, dans le sable sec et déchirant, dans les épines, le refuge du bidonville où elle habite. Là, en sentant la chaleur pénétrer son corps, en écoutant les animaux et les insectes, en laissant la lumière envahir ses yeux, Lalla peut entrer en communication avec ses ancêtres et avoir la force de s’échapper, aller à Marseille, la ville qui a été décrite plusieurs fois par son ami, un vieux pêcheur. Dans les rues du Panier, Lalla vivra en compagnie de gens de la rue et des immigrés méprisés, et va aussi sentir l’odeur repoussante de la maladie, la mort, la misère, la crasse. Toutefois, il est toujours agréable de voir la description de Lalla de cette vie qui bat en Marseille. Pendant qu’elle retrace son parcours à travers le Vieux-Port et le Panier, viennent à l’esprit la couleur, la lumière, les vibrations de cette ville. Dans chaque escalier, petite rue, il y a une vie qui est réelle, imparfaite, mais réelle. La ville se montre, toutefois, une grande ville qui peut finir par écraser ses habitants et qui fait penser Lalla au désert.

Malgré un début de lecture laborieux, pas habituée à des descriptions complexes et répétitives de Le Clézio, je me suis trouvée enchantée par le chemin des deux enfants et la sagesse avec laquelle un morceau d’histoire de l’Afrique est décrit. Il y a dans le texte une façon de ne pas révéler la réalité directement ou clairement. Nous percevons, soupçonnons, jusqu’à ce qu’au cours d’un autre événement, nous apprenions enfin la vérité… Il y a aussi beaucoup de subtilité, de pureté, mais qui sont capables d’animer la révolte contre l’injustice, contre la guerre. Celui qui fait la fusion de tous ces sentiments ne peut qu’être un grand auteur, d’un grand livre.

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Quelqu’un est d’ici?

Perdue dans un quartier vallonné, marchant le long de rues sinueuses, sans carte, sans direction, j’arrête devant la seule personne que je vois au bout de la rue et demande des informations sur l’adresse à laquelle je dois me rendre:

– Je ne suis pas d’ici, mais j’ai une carte google imprimée dans une feuille de papier, cela peut vous aider – c’est la réponse que j’obtiens.

La carte n’aide pas, c’est très éloigné. Je demande à une fille arrêtée au coin de rue:

– Desolée, je ne suis pas d’ici, je ne peux pas vous aider.

En voyant un gardien, je pense qu’il doit surement connaître la région. Je crie à l’aide en courant derrière lui et seulement après trois ou quatre essais, enlève finalement ses écouteurs.

– Je bosse ici il y a très peu, je ne connais pas cette rue, je ne suis pas d’ici.

Sûre que je n’étais pas dans la bonne direction, je reviens à mon point de départ. Un jeune homme passe à côté de moi, je lui interpelle:

– C’est vrai que les rues sont un peu confuses par ici, dit-il en regardant ma carte, avec un fort accent.

Pas de chance! Un étranger!

– Vous n’êtes pas d’ici, n’est-ce pas?

– Non, je suis suisse.

Résignée, je le sens dans la peau, São Paulo est une ville où personne n’est d’ici. Nous sommes tous des étrangers perdus dans la grande ville où les gens vont et viennent, sans s’arrêter, sans savoir bien où aller.

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Marcher

« Nearly every day, rain or shine, hot or cold, he would leave his apartment to walk through the city – never really going anywhere, but simply going whereaver his legs happened to take him. New York was an inexhaustible space, a labyrinth of endeless steps, and no matter how far he walked, no matter how well he came to know its neighbourhoods and streets, it always left him with the feeling of being lost. Lost, not only in the city, but within himself as well. Each time he took a walk, he felt as though he were leaving himself behind, and by giving himself up to the movement of the streets, by reducing himself to a seeing eye, he was able to escape the obligation to think, and this, more than anything else, brought him a measure of peace, a salutary emptiness within. The world was outside of him, around him, before him, and the speed with which it kept changing made it impossible for him to dwell on any one thing for very long. Motion was of the essence, the act of putting one foot in front of the other and allowing himself to follow the drift of his own body. By wandering aimlessly, all places became equal and it no longer matterd where he was. On his best walks, he was able to feel that he was nowhere. And this, finally, was all he ever asked of things: to be nowhere ».  The New York Trilogy, Paul Auster

Passants à Lille, 2009

C’est que le début du bouquin, mais j’ai dû y arrêter. Tout simplement parce que je partage avec le personnage l’explication du pourquoi de ce besoin de marcher. Comment peut-il décrire avec tel précision mon expérience? Marcher me rend, à la fois, le vide dont on a besoin pour apaiser l’âme et la clarté pour bien ranger les idées. Cette disposition étant éphémère, il suffit le premier pas à l’intérieur d’un bâtiment pour que le désordre s’y installe de nouveau (il faut que je songe à apporter un magnétophone lors de mes marches par-ci et par-là, les idées m’échappent très rapidement).

Être à pied jamais m’a posé de problème, au contraire: les distances je m’en fiche (à Porto Alegre, je marchais pour aller n’importe où, au boulot — 2,5 km —, chez le dentiste — 3 km —, à la fac — 2,7 km — et même pour rentrer des soirées — 6,3 km). C’est la paix ou l’angoisse apportés par le mouvement des jambes, ce que je cherche, c’est un mouvement des idées, cadencés par le mouvement du corps. Et à la fois, en étant «a seeing eye », l’arrivée n’est pas un but, seulement voir ce monde l’est, sentir l’air frais et se laisser aller sans intention, sans finalité, attrapant les images, les sensations que le monde offre. Perdue, « being nowhere », c’est facile à se trouver quelque part… Cependant, échapper à ce rencontre rendre la marche plus souple et legère, c’est l’objectif, s’évader de tout, faire sortir le noeud de la gorge, la pression sur la poitrine, faire circuler le sang, apaiser le corps, comme un massage.

Quel mélange, quelle anarchie une marche rend! Ranger les idées et rendre vide, les deux ensemble, sans savoir bien comment.

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Le cercle de l’information

En lisant GEO du mois de janvier, je trouve un petit article sur le dernier album de Salif Keïta, La Différence. Je m’y détiens sur le mot « albinos » qui me remet au bouquin J’irai cracher sur vos tombes (Boris Vian) – lu il y a environ un an. De l’intérêt pour l’albinisme m’emmène à chercher sur l’histoire de ce chanteur, que j’imagine souffrante et engagée à la fois. Sur internet, j’apprends qu’il est malien, ce qui me pousse à essayer de découvrir plus sur ce pays. Ici , je découvre le mot « Mandingue », c’est un peuple originaire du Mali, qui s’est répandu au Sénégal, Côte d’Ivoire, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Mauritanie.

Mais c’est le mot « mandingue » qui m’intrigue. En portugais, « mandinga » vaut dire « magie noire ou sorcellerie ». En allant plus loin, je comprends, par une petite histoire, la relation entre les deux mots et l’origine de la version brésilienne. Entre les peuples pris en esclavage en Afrique et conduits au Brésil, il y avait des mandingues. Considérés plus cultivés que d’autres peuples, ils ont été employés en fonctions de confiance, comme par exemple la surveillance d’autres esclaves afin d’éviter leur fuite. Ils portaient avec eux un espèce de collier avec un morceaux de cuire qui contenait des extraits de l’Alcoran. Pour se reconnaître entre les autres ethnies, ils récitaient des morceaux du livre sacré. Les autres peuples voyaient cette identification, le collier, comme une source de pouvoir magique, qui permettait aux mandingues trouver les fugitifs. À partir de là, « mandingue » (« mandinga », en portugais), c’est devenu synonyme de sorcellerie au Brésil.

C’est comme ça qu’en partant d’un petit article sur Salif Keïta je suis arrivée à découvrir l’étymologie d’un mot brésilien 😉  Alors, je vous laisse avec lui et sa jolie  La Différence.

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La vie réelle

Un peu en dehors de la blogsphère ces derniers temps, j’y suis revenue pour dire que je suis toujours là, que je passe de temps en temps pour jeter un coup d’oeil sur vos blogs, mais la vie réelle est bien chargée en ce moment, ce qui m’empêche de consacrer le temps que j’aimerais à écrire ici. J’ai même commencé plusieurs articles (sur la mort de Claude Lévi-Strauss, sur le travail, sur le cas de la fille expulsée d’une université brésilienne après avoir portée une jupe très courte, sur nos dernieres voyages, sur les fleurs des maisons de mon quartier qui sont très belles pour le printemps), mais ils sont tous restés dans le dossier « Brouillon ». Pour ne pas dire que je n’ai rien fait, j’ai actualisé ma barre de droite avec les blogs sur lesquels je fait un tour quotidiennement – il en manque encore pas mal où je passe de temps en temps qui resteront pour une prochaine actualisation. Je recommande celui de ma mère qui débute dans la blogsphère en parlant de sa passion: le vin (seulement disponible pour les lusophones) et celui de Tom & Clem qui font le tour du monde et arriveront chez nous dans une semaine!

Quand je dis que la vie réelle prend mon temps, cela veut dire:

– Des nuits passés à l’hôpital dû à une internation de Monsieur, frapé par une appendicite (heureusement que le lit pour les compagnes est comparable à celui d’un hôtel)

– Des voyages dans le coin et  dans ma ville d’origine

– Des jours feriés

– Une fête à organiser (à distance) pour début décembre

– Des visiteurs qui se multiplient (heureusement, car j’aime bien avoir du monde chez nous)

– Un nouveau site internet à mettre en ligne au boulot, ce qui m’a pris pour bien plus que les 8h48 pour lesquelles je dois travailler normalement

– Cinq employés à gérer, à surveiller les tâches, à résoudre les problèmes

– Les tâches de deux collègues qui, eux, ont la chance de partir en vacances pendant que je travaille pour 3

– Le volley et la gymnastique qui occupent quelques des mes matins et soirées

– Un festival de musique pour aller et voir chanter Iggy Pop

– Un séminaire international de journalisme à suivre

– Un nouvel animal de compagnie à m’occuper et qui se joint à la faune qui habite dans notre appartement (heureusement qu’ils sont très autonomes :P)

La girafe

La girafe

La faune de l'appart

La faune de l'appart

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Marché Municipal de São Paulo

Pour flâner, pour manger une baguette avec de la mortadelle, pour boire de jus de fruits frais, pour trouver tous les produits pour une bonne cuisine, il faut aller au marché municipal de São Paulo.

Marché Municipal

Marché Municipal

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Rio 2016

Soyez les bienvenus chez nous en 2016!

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Noms de rues à São Paulo

Il est créatif ce bonhomme avec des lunettes qui tombent sur le nez et des mains creusées de rides qui a comme métier de donner le nom (odonyme) à toutes les rues, avenues, boulevards, allées et places de São Paulo.  Ce bonhomme a la tâche ardue de décider comment les habitants et les voyageurs vont appeler les 50.000 voies de la ville.

Pour rendre son travail moins difficile, parfois il opte pour répéter quelques noms, en changeant seulement l’identification. Ainsi, on y trouve la Rue Portugal, l’Avenue Portugal, la Place Portugal, etc. D’autres fois, il laisse la créativité flotter, créant des noms comme Rue Purpurina (Rue des Paillettes), ce qui nous remet au Carnaval, au déguisement, à la fête. Pas mal pour un nom de rue.

D’autres fois, un peu par paresse, un peu pour identifier les quartiers, il élit un sujet et le maintient pour plusieurs rues. Par exemple, il y a le quartier des pays: Rue Cuba, Rue France, Rue Turquie, Rue Costa Rica, Rue Italie, Place du Vatican, etc.

Quartier pays

Mon quartier, par exemple, fait référence aux états des États-Unis: Rue Nebraska, Rue Californie, Rue Kansas, Rue Floride, etc. À côté de mon travail, les rues ont les noms de physiciens: Rue Hans Oersted, Rue Léon Foucault, Rue André Ampère, Rue James Watt, Rue Michael Faraday, etc. L’agence immobilière se trouve dans le quartier des fleurs: Rue des Roses, Rue des Hortensias, Rue des Camélias, Rue des Azalées, etc.

Les rues attirent toujours mon attention. En marchant beaucoup, je repère quelques détails: la numérotation des voies, les plaques des noms, le pavé, la forme, et je me demande qui est ce gentil bonhomme qui a comme métier choisir tous ces noms.

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Ouro Preto, façades

Ouro Preto est une ville brésilienne au style colonial, fondée sous le nom de Vila Rica vers la fin du 17ème siècle par des explorateurs, appelés bandeirantes. Suite à la découverte de filons d’or, le village a attiré un grand nombre de chercheurs d’or, devenant la plus importante ville du pays, avec plus d’habitants que New York à l’époque. Aujourd’hui, classée comme patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, Ouro Preto est connue comme le plus grand ensemble architectural baroque au monde.  Une belle ville pour revenir à une période de l’histoire du Brésil et à l’art de l’époque. Parfaite pour flâner dans ses rues de pierres, comme pour visiter les différentes églises qui ont été élevées comme signe de pouvoir par les familles riches (il est interdit de photographier à l’intérieur afin de protéger les délicates oeuvres d’art qui s’y trouvent, comme celles de Aleijadinho ou Ataíde). Les collines autour, la gastronomie local, l’artisanat, la nature (il y a même un grand parc préservé à l’intérieur de la ville, le Parc Horto dos Contos), les fêtes universitaires et le chemin de train liant Ouro Preto à Mariana complètent la liste d’attractions de cette très charmante ville. Je vous laisse avec un aperçu des détails des façades d’Ouro Preto:

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La mémoire

Plonger dans le passé et retrouver son présent, voir le chemin parcouru et reconnaître les bases de sa vie. Il faut tout ce qu’on a vécu pour construire le futur, chaque étape étant là pour que l’on accède au sommet. La mort n’efface pas le passé, juste l’oubli. La mémoire des jours vécus, c’est ce que nous rend vivants.

Une ode à la mémoire et un alerte au réchauffement climatique.

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Tour de Babel

A la maison, on parle français et portugais

Au travail, je parle espagnol, portugais et anglais

Dans l’ascenseur du bâtiment du boulot, j’entends le japonais, l’anglais, le français, l’espagnol

Dans mon quartier, j’entends les gens qui parlent espagnol et français

Dans le bus, j’entends souvent l’anglais

Notre filleule, qui l’on retrouve sur skype, commence à parler ces premiers mots en français, portugais, anglais et allemand

Je me demande jusqu’à quand va tenir cette Tour de Babel dans laquelle je me sens dedans.

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Ce que j’aime à São Paulo

São Paulo vue du ciel

São Paulo vue du ciel la nuit

La dernière fois que je suis allée dans ma ville d’origine, Porto Alegre, la question à laquelle j’ai le plus répondu a été « comment c’est la vie à São Paulo? ». Comme il s’agit de la principale ville du pays, c’est normal que grand nombre de gens du sud finissent pour y venir travailler, tombent amoureux et y restent pour toute la vie. D’autres font une image d’une ville menaçante et insupportable à vivre en raison du trafic, des distances, de la pollution, de la violence. Avant de déménager à São Paulo, j’avais en moi un mélange des deux sentiments: je pensais que c’était une ville avec beaucoup d’opportunités, où il serait possible de trouver un monde entier qui m’intéresse, mais aussi, j’avais peur, j’imaginais une ville sans vie, c’est-à-dire, sans nature, sans endroits tranquilles et silencieux pour se prélasser, un endroit où on marchait que sur le béton.

Ma surprise en arrivant ici a été de voir que je me suis trompée en ce que concerne la deuxième impression. La nature est assez exubérante, tropicale je dirais, dans certains quartiers, comme à Morumbi, par exemple. Je me suis trompée aussi pour pas mal de choses, aussi négatives que positives. Alors, après six mois dans la « ville de la bruine », je peux dire ce que j’aime et ce que je n’aime pas à São Paulo. Les conclusions me sont venues dans la tête pendant que je répondais à mes « compatriotes » la question ci-dessus. Comme tout le monde connait déjà ses problèmes (ceux de n’importe quelle grande ville: trafic, pollution, trop de monde), je me limiterais sur les points positifs. Ils sont personels, bien sûr, tout le monde n’est pas obligé d’être d’accord 🙂

Ce que j’aime à São Paulo:

– Pouvoir voir les jolies maisons fleuries de mon quartier et observer les centaines de « caturritas » (Conure veuve, selon wikipedia) qui se promènent d’arbre en arbre.

– Pouvoir aller à pied (contrairement à beaucoup de gens, je sais) au travail.

– Avoir un nombre incroyable d’options culturelles. Ça m’arrive souvent de rater pas mal de choses interessantes, car il y a trois ou quatre expositions, présentations, concerts, promenades, pièces de théâtre, etc, à la fois. Puis, avec l’année de la France au Brésil, le nombre d’activités qui m’attirent a tripliqué. Il me manque du temps pour tout faire.

– Avoir un nombre incroyable d’options pour sortir la nuit ou pour dîner.

– Y rencontrer du monde. Même pour un nouvel arrivant il est presque impossible de ne pas connaître quelqu’un à São Paulo. Du voisin d’enfance à l’ex-collègue de fac, du copain d’un copain à l’ex-boss, etc. Ça se passe aussi au niveau international (Monsieur a rencontré ici un fils des amis à ses parents, par exemple). De ce fait, les cercles d’amitiés et de contacts vite s’agrandissent.

– Rencontrer toute sorte de bouffe à deux pas de chez soi. La variété de fruits et légumes relève du jamais vu. Les produits industrialisés de n’importe quelle cuisine du monde nous permettent d’être largement créatifs dans le domaine gastronomique (dans ce point-là, on se contient un peu vu que pour faire venir la semoule du Maroc on fait payer notre pauvre  nature. Mais on peut avoir aussi des produits frais délivrés chez nous pour des agriculteurs bio qui cultivent juste à côté de São Paulo – encore un point positif pour la ville).

– Avoir de la propreté visuelle. En arrivant à São Paulo j’ai aperçu qu’il avait quelque chose de différent dans les rues. Après, en lisant sur la loi « Ville Propre », je me suis rendue compte ce que c’était: il n’y a pas de publicité. La loi, valable depuis 2006, a pour but éliminer la pollution visuelle et interdire toute sorte d’affiche publicitaire, comme outdoors, panneaux lumineux, etc. La loi est applicable même pour les taxis, les bus et les vélos!

– Être juste à côté de très belles plages. Rio, c’est la « girl from Ipanema », bien sûr, mais à São Paulo il y a aussi des plages magnifiques et assez préservées.

– Pouvoir me déplacer en métro et train. Certes que ce n’est pas le métro idéal, mais il facilite beaucoup la vie.

– Le climat sec. Après avoir vécu grand part de ma vie dans des villes humides (Porto Alegre, Orlando et Rennes – il n’y a qu’Aix-en-Provence qui s’échappe à cette condition), ma santé me remercie d’avoir choisi un endroit plus sec pour vivre.  La rhinite est partie et la peau et les cheveux sont plus contents.

– Être dans la ville la plus importante du pays et, donc, recevoir chez soi avec fréquence les amis ou les gens de la famille qui viennent pour leurs affaires.

– Rencontrer des gens de tout le pays et de tout le monde. On apprend pas mal quand on est en contact avec d’autres cultures.

– Avoir beaucoup d’options où travailler. Depuis que je suis à São Paulo je n’ai jamais cherché du boulot. Ils tombent sur les mains sans trop d’efforts.

Il y a d’autres points positifs que je ne connais même pas, vu le nombre de gens qui aiment cette ville, malgré tous ses défauts. Ce n’est pas facile à l’aimer, mais je pense que ceux qui l’aiment ne sont pas prêts à la quitter.

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